Devenir compétiteur dans un bon esprit
Certains enfants ont l’esprit de compétition, et d’autres pas. Parmi les compétiteurs, certains acceptent leurs échecs, d’autres non. De multiples paramètres interviennent dans ces variations.
Derrière l’esprit compétiteur, il existe souvent une émulation familiale, un goût de la performance qui se transmet par identification.
Les affinités des enfants proviennent souvent du bain culturel dans lequel ils grandissent.
Mais cette combativité peut aussi jaillir d’une revanche narcissique, ou d’un désir de puissance, en raison d’un vécu autrefois blessant ou invalidant. Comme, par exemple, un abandon, un échec scolaire, un handicap, une longue hospitalisation, un surpoids… Les fêlures de l’enfance, si elles sont par ailleurs accompagnées d’amour, de soutien et de stimulations, peuvent en effet constituer d’imposants et étonnants tremplins de réussite.
Si la performance effective de l’enfant dans son sport est tributaire de multiples facteurs dont tous ne sont évidemment pas psychologiques (équipement physiologique, hygiène de vie, disponibilité parentale pour accompagner les compétitions, etc.), il existe une base structurelle permettant de s’accomplir efficacement dans le sport.
Le premier ingrédient est la pulsion de vie, ou la force d’investissement. Elle se construit par les preuves d’amour (sourires, tendresse, câlins, plaisirs et rires partagés, réconfort, encouragements, félicitations…).
La ferveur réchauffante avec laquelle les parents aiment leur enfant impulsera son propre appétit pour la vie. Comme un courant électrique qui viendrait jusqu’à lui, le traverserait et lui donnerait l’élan d’aimer à son tour.
Son sport figurera ici au milieu de toutes les grandes acquisitions du futur : amitiés, études, santé, expériences professionnelles, vie amoureuse…
Le second ingrédient est l’estime de soi. Pour cela, inutile d’ensevelir l’enfant sous les compliments. Par leur simple présence et leur affection, ses parents favorisent son image positive de lui-même (« Papa et Maman m’aiment, j’ai donc de la valeur »). Le premier miroir de soi est le regard parental, et il impactera toute la vie.
Le troisième et dernier ingrédient phare est le respect des règles. Cela constitue non seulement un préalable pour se discipliner dans son sport, mais aussi un agent socialisant, car le professeur et les camarades y sont sensibles.
Les entraîneurs de judo et de rugby utilisent une méthode ingénieuse, efficace et sans conséquence négative sur l’enfant : l’exclusion temporaire hors de l’espace commun.
Elle est menée dès la survenue de l’excitation, calmement, fermement et avec hauteur, lorsqu’il ne parvient plus à être respectueux des règles, donc du confort des autres. C’est d’ailleurs ici que s’inscrit généralement l’intolérance à l’échec ! Les parents ne doivent pas hésiter à s’en inspirer pour bien outiller leur enfant à la bienséance, sur son lieu sportif comme à la maison.
Caroline Goldman
Psychologue clinicienne pour enfants et adolescents
Auteure de différents ouvrages (« file dans ta chambre », « Doit-on tout dire aux parents », « Etablir les limites éducatives »
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