« Cours le matin, sport l’après-midi » : l’expérimentation va s’étendre

« Les après-midis des élèves pourraient être libérés pour la pratique sportive » : dans le cadre de la Semaine olympique et paralympique 2019, Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Éducation nationale) et Roxana Maracineanu (ministre des Sports) ont évoqué la mise en place d’une expérimentation pour modifier les rythmes scolaires et faire plus de place au sport.

 

La mise en œuvre de cette proposition pourrait être lancée dès la rentrée 2019 dans des établissements volontaires : écoles, collèges et lycées. Rien n’est encore arrêté et, selon Jean-Michel Blanquer, « Toutes les formules sont envisageables dès lors que la priorité à l’apprentissage des savoirs fondamentaux à l’école primaire est respectée ». Un appel à candidatures sera bientôt lancé.

S’agit-il d’une véritable innovation ?
Pas vraiment. L’idée avait déjà été lancée en 2010 par Jean-Michel Blanquer lui-même, quand il était Directeur général de l’enseignement scolaire quand Luc Chatel en était le ministre de l’Education nationale.
Initialement prévu pour l’année scolaire 2010-2011, ce dispositif a été étendu en 2011-2012.
L’expérimentation avait alors concerné plus de 7 000 élèves dans 120 collèges et lycées volontaires pour l’année scolaire 2010-2011, et 15 000 élèves dans plus de 210 établissements pour l’année scolaire 2011-2012.

Une première évaluation en 2011

Les résultats contrastés de son évaluation, à mi-parcours, ont été publiés dans une « Note d’information » de Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance [DEPP] du ministère de l’Éducation nationale en novembre 2011.
Il s’agissait de mesurer les effets induits sur les élèves bénéficiaires de l’expérimentation, au sujet de :
-leur emploi du temps ;
-leur santé et leur bien-être ;
-leur scolarité ;
-leur participation aux activités proposées.

Pour l’essentiel, cette évaluation précise que les trois-quarts des élèves expérimentant le dispositif étaient des collégiens et un quart seulement des lycéens. Les collégiens étaient plutôt des garçons, inscrits en section sportive.
L’expérimentation semble avoir développé la sociabilité, le respect des règles et l’autonomie. Les élèves ont apprécié de participer aux entraînements, de progresser dans une discipline sportive et se disaient satisfaits de l’offre en activités sportives proposée par leur établissement.
En revanche, le dispositif « Cours le matin, sport l’après-midi » n’a pas eu d’effet notable sur la ponctualité, les absences et les sanctions. Il n’a pas non plus eu d’influence significative sur les capacités déclarées de concentration, d’attention, de mémorisation et d’effort.

Associer les parents ?

Si cette proposition suscite déjà de multiples réactions au sein des personnels enseignants et de leurs organisations syndicales, les parents d’élèves n’ont pas encore été associés à cette réflexion. Aussi bien pour la phase initiale de mise en œuvre, qu’ultérieurement dès qu’il sera nécessaire d’évaluer le dispositif.
Seront-ils consultés sur le choix des activités physiques et sportives, sachant que certains d’entre eux pourraient, en fonction de leurs compétences et qualifications, participer à leur encadrement ?
Dans quelles conditions pourront-ils adapter les contraintes de leurs vies familiales à cette modification des rythmes scolaires ?
Leurs enfants seront-ils volontaires, et comment pourront-ils articuler ces nouvelles propositions avec les activités, sportives ou culturelles qu’ils pratiquent déjà ?

L’évaluation pourrait également mesurer plus précisément l’impact de l’expérience sur la vie quotidienne de ces enfants et adolescents (emploi du temps, fatigue, qualité du sommeil, modifications dans l’alimentation, amélioration de l’état de santé et du bien-être).
Et prendre en compte les effets sur l’élargissement ou non du cercle d’amis, la mixité, l’amélioration du respect manifesté à autrui et aux adultes…

Pour un débat éclairé et argumenté, il est loisible de prendre connaissance de l’étude complète de 2011, librement disponible et téléchargeable en activant le lien suivant : https://goo.gl/nfbaZH

Philippe VANROOSE
Conseiller pédagogique pour l’Éducation Physique et Sportive
Chargé d’enseignement à l’UFR STAPS de Rouen